« Taxe Tobin » : les députés socialistes s’agenouillent devant Bercy

, par attac87

Le 21 octobre 2013, lors de l’examen du budget 2014 les députés PS ont renoncés à durcir la taxe Tobin (taxe sur les transactions financières) qui est en vigueur depuis l’été 2012. Deux ans après le discours du Bourget du candidat Hollande (où il a fait croire que la finance était son ennemi) le gouvernement recul à nouveau devant les menaces de Bercy.
La « taxe Tobin », dans sa version française, devait rapporter 600 millions d’euros aux caisses de l’État, très en deçà des pronostics du début d’année (1,6 milliard d’euros). D’où la volonté de certains de durcir la taxe, pour lever davantage d’argent – et, au passage, freiner la spéculation.
Après avoir obtenu l’autorisation de la commission des finances de l’assemblée de déposer un amendement pour élargir l’assiette de la taxe aux opérations « intra-day »(activités les plus spéculatives du marché financier), le socialiste Christian Eckert s’est vu contraint de le retirer à la demande du ministre du budget Bernard Cazeneuve. Pour ce dernier, cet amendement pourrai mettre en péril la liquidité des marchés, entraverai l’accès des entreprises aux capitaux et compromettrai l’avenir de l’entreprise Euronext qui gère la Bourse de paris.

L’argument n’est pas recevable car en Italie, par exemple, la taxe Tobin est beaucoup plus ambitieuse et elle n’a pas attendue Bruxelle. De plus Bercy a un double discours sur le projet en chantier à Bruxelle : Les députés européens socialistes prévoit d’intégrer les opérations « intra-day » alors qu’en France nos députés et gouvernants renoncent !!! Afin d’être plus éfficace l’Italie voudrai que cette fiscalité se généralise en Europe.
En juillet dernier, le patron de Bercy a préparé les esprits à cette reculade, qualifiant d’« excessif » le projet de TTF en discussion à Bruxelles, lors d’un colloque organisé par Paris Europlace. Dans le livre qu’il vient de publier, Combats (Flammarion), Pierre Moscovici en rajoute une couche, écrivant, comme l’a remarqué Libération jeudi : « La proposition de la commission est une base de travail, mais soyons nets : elle ne sera pas acceptable pour tout le monde, elle ne défend pas autant qu’il le faudrait l’industrie financière française et européenne. »
L’avenir de la « taxe Tobin » européenne peut voir le jour car l’Allemagne, dans le grand jeu de marchandage européen, pourrait obliger les socialistes français à renouer avec leurs anciennes promesses. Les sociaux-démocrates qui négocient avec Angela Merkel pour la formation du futur gouvernement de coalition veulent voir figurer une « TTF » européenne ambitieuse au rang des priorités d’un éventuel accord de gouvernement.