"Votez, démondialisez ! > la Gauche française entre Nation, Europe et Monde..."

, par attac87

[analyse de Raymond Klein ©Woxx.lu / 19.04.2012]

>>>>>>>>>> "Pour les primaires socialistes, le sujet était en vogue, pour le premier tour il est en retrait. Après avoir donné lieu à des débats passionnés, la démondialisation pourrait être au coeur des négociations sur une coalition gouvernementale.

« Concept superficiel et simpliste » pour les uns, retour au « principe de souveraineté » pour les autres, la démondialisation a fait un buzz en France pendant l’été 2011. Lors de la primaire socialiste en octobre, Arnaud Montebourg, auteur de « Votez pour la démondialisation ! » a créé la surprise en terminant troisième avec 17,2 % derrière François Hollande et Martine Aubry. Depuis, malgré l’attention portée à la candidature de Jean-Luc Mélenchon, dont les positions sont assez proches de celles de Montebourg, on parle moins de démondialisation. Mais si Hollande l’emporte, le débat au sein de la gauche reprendra en vue des législatives et de la formation d’un gouvernement - et il portera aussi sur les marges de manoeuvre dans une économie mondialisée.

Débat difficile, car démondialiser peut vouloir dire, selon les intervenants : taxer certaines importations pour se défendre contre le dumping social et écologique, reréguler le système bancaire et les marchés financiers, faire du protectionnisme au service d’une politique industrielle, ou carrément abandonner la monnaie unique. Ce dernier point divise notamment ceux qui voudraient juste revenir sur l’insertion de l’Europe dans la mondialisation libérale et ceux qui souhaitent revenir sur l’insertion de la France dans une Europe incurablement néolibérale. Notons que l’écologie ne joue au mieux qu’un rôle secondaire dans ce débat, et que peu d’économistes de gauche s’intéressent au mouvement des Transition towns (woxx 1118), pourtant une sorte de démondialisation par le bas.

Alters et démons

Commençons par un cocorico : la paternité du terme de démondialisation, souvent attribuée à l’altermondialiste philippin et anglophone Walden Bello, revient en fait à Bernard Cassen, ancien président d’Attac et ex-rédacteur en chef du Monde diplomatique. Dès 1996, celui-ci recommandait, au-delà de la résistance à la logique des marchés globaux, une stratégie offensive, afin de rétablir le contrôle démocratique des flux économiques et financiers. Cassen plaidait pour une voie intermédiaire entre la renationalisation des économies et la mondialisation de l’espace public démocratique.

Bello, dans son livre de 2002, optait clairement pour un recentrage sur les marchés nationaux des économies des pays en voie de développement, à contrecourant de l’idéologie néolibérale qui exige de produire pour exporter. Les difficultés de nombreux pays du Sud semblaient et semblent encore lui donner raison, même si le succès avec lequel la Chine a profité de la mondialisation laisse planer un doute. Là où l’altermondialiste avait certainement vu juste, c’est que les pays du Nord seraient également victimes de la mondialisation libérale, puisque la mise en concurrence des salariés tend à faire baisser les salaires dans les pays riches. Tout cela, Bello l’inscrit dans la critique de l’interdépendance excessive des économies, dont le cadre théorique a été élaboré par... John Maynard Keynes il y a presque 80 ans.

Pourtant, c’est à la crise du capitalisme mondial et au contexte des élections qu’on doit le regain d’intérêt pour la démondialisation en France : publication de deux livres de Jacques Sapir, puis d’Arnaud Montebourg, suivi d’un débat envenimé. En juin 2011, le Conseil scientifique d’Attac publie un texte critiquant le concept. Il serait superficiel parce qu’il se concentrerait sur les relations entre pays plutôt que sur les relations entre forces sociales, et simpliste parce que, dans des domaines comme l’écologie, il faudrait non pas moins, mais plus de mondialisation. Le texte mettait en garde contre le danger d’un repli national qui « tournerait le dos définitivement à une coopération entre les peuples » et contre celui d’une récupération de l’idée de démondialisation par le Front national. Dans le Monde diplomatique d’août 2011, l’économiste Frédéric Lordon publia une réplique cinglante, fustigeant les « défigurations de la démondialisation » tout en ridiculisant ses rivaux, depuis la « gauche pleurnicheuse » jusqu’à Arnaud Montebourg, trop « européen » à son goût.

Hexagonalisation ?

Relevons la thèse centrale de Lordon : le problème central est celui de la souveraineté, et en pratique celle-ci ne peut être que nationale. Certes, il explique longuement que le protectionnisme et la sortie de l’Union européenne ne signifient pas l’abolition de tout échange international voire l’affrontement armé, mais pour lui, il n’y a clairement point de salut hors de la sphère nationale. Ainsi, le plus brillant défenseur de la « démondialisation » valide une partie des.........................."

La suite et l’intégralité de l’analyse sur le lien > http://www.woxx.lu/id_article/5539