20110127 Le sommet de DAVOS ne devrait plus exister

« Normalement, Davos ne devrait plus exister. Enfin, pas la tristounette station helvétique de ski, mais le Forum économique mondial, qui y attire fin janvier des centaines de patrons, de ministres, d’universitaires et de journalistes. Cette gigantesque « business party » aurait dû s’étioler. Car elle a porté toutes les valeurs, toutes les idées balayées par la crise financière, qui a connu son apogée en 2008. Nulle part ailleurs la « shareholder value », la valeur actionnariale, n’aura été prêchée avec autant de foi. À Davos, on a aussi prôné avec une rare constance la mondialisation débridée, la finance souveraine et la déréglementation permanente. On s’y est aussi beaucoup trompé. Une session a été organisée chaque année pour tenter de trouver « d’où viendra le prochain choc » sans jamais débusquer autre chose que les pays émergents, l’immobilier chinois ou le pétrole. En 2007 et 2008, l’économiste Nouriel Roubini avait sérieusement agacé les participants en annonçant des catastrophes. Toutes les étoiles déchues de l’entreprise ont brillé à Davos, de Jean-Marie Messier (Vivendi) à Carly Fiorina (HP) en passant par Kenneth Lay (Enron), Chuck Prince (Citigroup) ou Dick Fuld (Lehman Brothers), qui affichait encore une incroyable morgue début 2008, huit mois avant sa chute. Et en ces temps d’économies tous azimuts pour préserver la trésorerie des entreprises voire des États, il peut paraître surprenant de claquer des dizaines ou quelques centaines de milliers d’euros ou de dollars pour aller se faire voir dans un village perdu des Grisons suisses »[1].

Mais Davos existe encore. Car les élites globales n’ont aucunement renoncé à imposer à leurs sociétés « la mondialisation débridée, la finance souveraine et la déréglementation permanente ». Les plans d’austérité, le chômage et la précarité déferlent sur l’Europe, les bulles financières gonflent à nouveau, la spéculation se déchaîne sur les produits agricoles. Mais les puissants vont continuer à disserter sur les « risques émergents », les « opportunités de croissance » et les « normes partagées pour une nouvelle réalité »… Nicolas Sarkozy osera-t-il tenir demain un discours encore plus « anti-finance » que l’an dernier ? Les paris sont ouverts…

À l’initiative de mouvements sociaux – dont Attac Suisse – se tenait du 21 au 23 janvier à Bâle « L’Autre Davos 2011 », une initiative « destinée à valoriser toutes les expériences révélant le caractère intelligemment subversif des luttes populaires » contre ce néolibéralisme discrédité mais toujours aussi arrogant.

Dans quelques jours, s’ouvre à Dakar le Forum social mondial, où se rencontreront non les maîtres du monde comme à Davos mais les artisans d’un autre monde.
Attac y sera présent à travers une délégation de près de 60 personnes de France, et plus d’une centaine de représentants des Attac du monde.
Sur le G20, la crise climatique, l’accès à l’eau, la souveraineté alimentaire, à Dakar nous construirons les mobilisations et les convergences entre toutes les luttes qui cherchent à faire chuter le pouvoir de la finance et aspirent à construire des alternatives écologiques et solidaires.

Attac France,
Paris, le 26 janvier 2011
http://www.france.attac.org/spip.php?article12171


[1] Nous remercions Jean-Marc Vittori, l’éditorialiste du quotidien économique Les Échos, d’avoir rédigé notre communiqué de presse pour l’ouverture du sommet de Davos. http://www.lesechos.fr/opinions/analyses/0201092173513-l-invraisemblable-survie-du-forum-de-davos.htm