20110713 MIN CAPEX et MAX IFO > Cavaliers de l’Apocalypse ?...

MIN CAPEX et MAX IFO ?...!...?... > des explications complémentaires...............

Souvenez-vous : le 9 juin dernier, sur le site d’ATTAC87, nous avons mis en ligne le lien avec cet article de Michel PERDU, paru dans le n°303 / juin 2011 / ALTERNATIVES ECONOMIQUES :

Le lien > http://www.alternatives-economiques.fr/le-courrier-des-lecteurs-de-juin-2011_fr_art_1094_54519.html

RAPPEL :

"Les leçons de FUKUSHIMA.

Le Japon, deuxième puissance industrielle mondiale, a failli. Fukushima Daiichi devient une référence en matière d’échec de la gestion de systèmes complexes par une nation développée.

Cela pose donc (…)la question de la capacité de l’homme à maîtriser ces systèmes. Cette question est fondamentale, car de ces systèmes complexes inventés par l’homme (centrales nucléaires, lanceurs spatiaux, complexes chimiques…), au moins un exemplaire de chaque a déjà subi (…)une défaillance majeure.

En outre, l’homme agit aussi sur les systèmes complexes naturels que sont le climat et la vie au travers du réchauffement général dû aux activités humaines et de la mise en oeuvre des OGM. Il n’existe aucune forme de société humaine capable de contrôler à 100 % ce niveau de complexité.

Cependant, le Japon était certainement l’une des nations qui pouvait prétendre à un niveau de maîtrise élevé, et donc, en miroir, à un risque résiduel faible. Néanmoins, le Japon, industrieux et discipliné, (…) a échoué. Que s’est-il passé ?

La décadence de l’empire serait une explication trop globale et trop commode. Le site Web de Tepco est plus instructif : la centrale de Fukushima Daiichi est la première-née du parc de Tepco et son réacteur numéro 1 le plus ancien (début des opérations le 26 mars 1971). Aucune augmentation de capital de l’entreprise n’a été réalisée depuis 1995. La valeur des utility fixed assets décroît depuis cette date. Enfin, le capital investment est quasi stable, à environ 45 % de son niveau de 1995. Les chiffres parlent, et Tepco, depuis 1995, offre tout simplement une rente à ses actionnaires, avec des revenus bruts en moyenne égaux à 25 % du capital en actions.

La catastrophe est explicable simplement. Les forces à l’oeuvre ne sont pas celles de la nature, forces bien connues des Japonais (tsunami est un mot d’origine nipponne), mais celles du néolibéralisme. Deux des quatre cavaliers de l’Apocalypse ont été à l’oeuvre (…). On peut les nommer " Min Capex " et " Max Ifo ".

Le premier, "Min Capex", pousse les actionnaires du conseil d’administration à ralentir, repousser sine die, refuser si possible, tout investissement en capital, c’est-à-dire, par exemple, tout achat ou remplacement de matériel de secours vieillissant.

Le second, "Max Ifo", pousse ces actionnaires à diminuer année après année les dépenses opérationnelles, ce qui veut dire, par exemple, espacer dans le temps des opérations de maintenance et/ou externaliser ces mêmes opérations vers des entreprises par essence moins impliquées moralement dans la sécurité du processus global.

"Min Capex" et " Max Ifo " oeuvrent partout dans le monde et dans tous les domaines soumis au néolibéralisme : principe de gestion qui, dans l’échelle des valeurs, place l’argent plus haut que la vie et oblitère la durabilité en se focalisant sur le court terme. (…)

Mes conclusions :

La gestion des systèmes complexes doit être une action régalienne (étatique et non privée).

Une centrale nucléaire existante ne doit pas rester entre les mains de sociétés privées (…).

Toute centrale nucléaire existante doit au plus vite construire son enceinte de confinement ultime (sarcophage), isolable en une seule opération mécanique (…).

Chaque centrale nucléaire doit stocker dès à présent ses déchets en toute sécurité sur son propre site.

Le transport de déchets nucléaires ou de matériaux radio-nucléaires est interdit (…).

Enfin, aucune centrale nucléaire supplémentaire ne doit être construite.

Michel PERDU"

MIN CAPEX et MAX IFO ?...!...?... > des explications complémentaires...............

A notre demande, relative à MIN CAPEX et MAX IFO, Michel PERDU développe comme suit l’éclairage sur ces 2 concepts, que chacun pourrait utilement retenir :

"Concrètement, MAX IFO personnifie le principe de gestion d’entreprise qui maximalise l’IFO (Input From Operation) ou résultat opérationnel, en français . Appliqué avec une vue court terme ou sans discernement, ce principe conduit par exemple à réduire le coût de la main-d’oeuvre en externalisant à tout va, y compris des fonctions essentielles pour la sécurité d’un site ou de son environnement. Cela entraîne perte de compétences et dilution des responsabilités.

De même, MIN CAPEX personnifie le principe de gestion d’entreprise qui consiste à utiliser le minimum de capital pour par exemple réaliser des investissements en biens ou en compétences et exiger en même temps un retour sur investissement (ROI) en 2 ans. Le matériel servant uniquement à la sécurité d’un site, n’étant par fonction jamais rentable, sera dans cette optique toujours en queue des priorités. On aura donc in fine, de ce côté-ci, du vieux matériel mal entretenu, sous l’influence conjuguée de MAX IFO."