20110310 LES CLOWNS ACTIVISTES

(Photo : Attac France).

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Pour sortir du classicisme militant et du cercle de convaincus, les Clowns de rue organisent des « coups d’éclats permanents » en mettant en avant l’utilisation de l’humour, le côté festif, provocateur, spectaculaire ce qui permet souvent d’avoir une force médiatique.

Les premiers Clowns militants sont entrés en action lors de l’accident de Tchernobyl avec une extension importante en 2003 lors des manifestations contre la guerre du golfe, puis contre le G8 suivant. Actuellement des brigades de Clowns se sont développées un peu dans tous les pays En France, on trouve la BAC à Paris, le GIGN à Lyon, les CRS à Clermont-Fd, les CRI à Marseille, les Bla bla bla à Grenoble, les FFFLICS à Limoges...

Il s’agit de retrouver la vertu contestataire et subversive des Clowns : le renversement est une force qui permet d’imaginer une utopie sans braquer les gens, sans créer un mur entre les personnes comme lors des interventions sérieuses.

L’action des Clowns montre que la radicalité peut être pacifiste. On parle d’ailleurs de "pink block" pour les Clowns, pour les opposer aux "black block". L’humour des Clowns permet aussi de mettre le public et les journalistes de leur côté, lors d’une altercation avec les policiers. Le Clown va jouer sur la naïveté de celui qui ne comprend pas pourquoi le policier veut lui taper dessus.

Paradoxe d’Erasme : Si le monde est fou, écoutons le fou dans lequel la vérité prend refuge ».
Exemples :

* A Louvain : vente de neurones pour aider les dirigeants à instruire les jeunes. Aspirateur à neurones.

* A Grenoble ville pionnière pour les nano-technologies : vendeurs de puces, gratteurs de puces sur les « pouilleux ». Le groupe "Pièces et main d’oeuvre" qui a étudié cela sérieusement, distribuait des tracts explicatifs.

* Dans un supermarché : hosties de la consommation, glorification de l’achat des produits les plus nuls...

* A Clermont exemples d’actions :

Pour aider le gouvernement lors de l’épidémie de grippe, les Clowns ont établi un cordon sanitaire et procédé à des injections factices de vaccin. Une représentante des laboratoires essayait de vendre ses kits de survie.

Ils organisent aussi des manifs de droite : 150 personnes ont défilé avec des masque de Nicolas Sarkozy, habillés en riches, ce qui était relativement impressionnant pour les passants. Renommés "Petits frères des riches", ils ont aussi procédé à un enterrement du Code du travail. En début d’année, les « timbrés de la Poste » ont investi une Poste et distribué des chocolats aux salariés.

Des groupes informels se constituent autour d’un noyau central, leur nombre fluctuant selon les propositions. Il faut être au minimum 5-6. Les gens ont envie de militer en s’amusant : il y a un gros potentiel de mobilisation. Evidément l’impact sera augmenté si l’action est bien couverte médiatiquement, d’où un écho plus large.

De manière générale, il est important d’avoir des personnes en plus des Clowns pour donner des renseignements, distribuer des tracts, faire le tampon avec l’extérieur et désamorcer des situations d’incompréhension. Celles qui jouent un personnage ne peuvent le faire.

Il faut essayer de penser une action ayant un gros potentiel visuel. La difficulté est d’évaluer la part de premier et second degré. Jusqu’où pousse-t-on, au risque de ne plus être compris. Il est nécessaire de prévoir une préparation importante sur le message que l’on veut faire passer, et la manière dont on le fait passer, pour qu’il soit bien compris et maîtrisé.

Un autre groupe a organisé le procès des abeilles et du vent, accusés de disséminer les pollens des plantes OGM au-delà des distances prescrites par Monsanto. Les manifestants essayaient d’attraper le vent avec des fillets à patates. Les gendarmes étaient assez tendus : les Clowns sont venus leur serrer la main, les obligeant à lâcher leurs armes. Comme c’était amusant, l’action a été filmée par les journalistes et très bien relayé pendant 15 jours, avec différents articles dans les journaux. Du coup, elle a eu un impact fort même s’il n’y avait pas de public ce jour là. C’est peut-être une coïncidence mais le paysan propriétaire du champ a ensuite cédé celui-ci à un agriculteur bio !

Sources
D’après l’atelier de l’Altervillage 2010 : "Comment investir l’espace public pour toucher des personnes plus largement et au-delà des militants ?" où Alexandre (Clowns Bla bla bla, Grenoble) a présenté les modes d’actions des clowns de rue.

Pour en savoir plus

*** "Le grand guide rose, outil d’entraînement au clown activisme", écrit par la CIRCA et disponible sur le site dédié et en téléchargement ci-dessous.

*** Le livre "Les nouveaux militants" de Laurent Jeanneau et Sébastien Lernould, 2008.

ATTAC FRANCE / 13.02.2011.